Avec des prix récompensant son début de carrière, Mathieu Askehoug n’est cependant pas né de la dernière pluie musicale. Des années derrière de grands artistes ont forgé sa route, une façon de chanter et de sentir la musique qui produit aujourd’hui une chanson française à l’esprit punk où le rock, le jazz et d’autres couleurs musicales se partagent la scène avec ses mots. Voix grave à la Arthur H, sens de la provoc’, humour décalé, le dandy rock Askehoug va faire parler de lui. Rencontre avec l’ancien diplomé d’arts déco qui a troqué le papier à dessin pour prendre la plume, le micro et a osé sa formule trio. Il sera à Rosoy-en-Multien dans le cadre du Picardie Mouv samedi 22 novembre.
Askehoug ? « C’est Norvégien de la part de mon père. Quand j’étais à l’école, j’ai souffert avec ce nom biscornu. Et quand il a été temps de trouver un nom de chanteur, je me suis dis que j’allais faire chier les autres avec ce nom et j’ai l’impression que ça marche pas mal !« . Breton de par sa mère « qui écoutait plutôt du jazz » alors que son paternel préférait « Brassens, Ferré ou les Rolling Stones« , Mathieu Askehoug semble avoir bénéficié de cet héritage familial. « En fait je pensais avoir fait ma crise d’adolescence mais finalement je crois qu’il ont réussi à m’avoir. Ils m’ont fait écouter de bonnes références. » Mais avant de se retrouver sur scène, l’homme côtoie les bancs d’une école d’arts déco à Paris et commence à travailler le dessin. « Comme il y a toujours des groupes ou des fanfares dans les écoles d’art, j’ai rejoins un groupe de punks qui s’appelait « Violette, s’il te plait ». Je faisais du dessin mais en même temps on partait sur la route pour faire des concerts. C’était vachement drôle, et je crois que j’ai eu le virus à ce moment-là. Comme j’ai quand même eu mon diplôme, je me suis dit que je ne voulais pas faire un métier de solitaire. J’avais plutôt envie de voir du pays, de faire de la route. C’est comme çà que je suis venu au métier de musicien car j’ai accompagné pas mal de gens en tant que bassiste. Je suis venu à la chanson sur le tard car j’ai commencé il y a 7 ans et ça ne m’a plus lâché. ».
[blocktext align= »left »]Je faisais du dessin mais en même temps on partait sur la route pour faire des concerts. C’était vachement drôle, et je crois que j’ai eu le virus à ce moment-là.[/blocktext]
Le déclic. Il part alors faire des tournées par monts et par vaux, se retrouve sur scène devant beaucoup de personnes, dans des stades mais quelque chose le gène. « Je n’avais pas le trac car ce n’est pas moi qui chantait. J’étais derrière des chanteurs connus, je faisais mes parties de basse, je jouais. Point. C’était chouette car je jouais avec de très bons musiciens mais je n’avais pas le trac alors que, quand je chante mes chansons, je peux être devant 5 personnes et j’ai le trac. C’est ce que je recherche en fait. On recherche tous des émotions dans les métiers artistiques, ne serait-ce que pour en donner. Je ne voulais pas mourir idiot et sans avoir connu çà : chanter devant des gens et être accompagné par de très bon musiciens. » Le déclic de la carrière solo arrive alors quand un ami lui propose d’intégrer un groupe de rock. « J’avais dit oui alors que, étrangement, je n’avais pas vraiment envie de le faire. Je gagnais ma vie à faire de la musique pour les autres et ça m’allait très bien. Il m’a botté le cul et on s’est retrouvé à deux chanteurs. Malheureusement, il est décédé d’une crise cardiaque. Donc je me suis trouvé seul à chanter. Je me suis dit qu’on n’allait pas arrêter, qu’il fallait continuer à chanter ses textes. Ça m’a donné une vraie foi en la musique, avec la volonté de bien faire. Puis, je me suis mis à écrire des textes en en rajoutant de plus en plus. Et maintenant, j’écris tous les textes. «
[blocktext align= »right »]J’aime bien la provocation. Desproges, Gainsbourg, Philippe Katerine sont le genre de personnalités que j’affectionne beaucoup[/blocktext]
Humour, décalage et sens de l’absurde et de la provoc’. Après un premier opus intitulé « [tooltip text= »Chanson « Smart & Piggy » » url= »https://www.youtube.com/watch?v=HwlPiM5sE2g »]Smart and Piggy[/tooltip] » (Chic et cochon), le dandy cool appelle le second Je te tuerai un jeudi. « J’ai reçu des menaces de mort (rires). Non, plus sérieusement, ça remonte à mes années punk, quand j’étais en école d’art. J’aime bien la provocation, Desproges, Gainsbourg, Philippe Katerine sont le genre de personnalités que j’affectionne beaucoup. Ensuite, je suis quelqu’un d’assez pudique, d’assez timide, donc il y a dans mes textes des sens cachés, je ne veux pas qu’on comprenne tout. Nous sommes dans un pays littéraire donc j’aime bien faire des choses complexes avec l’écrit. La chanson, ce n’est forcément simple. Léo ferré ou Brel, c’est très imagé, c’est une écriture très sophistiquée. Je ne voulais pas faire de la grande variété non plus. D’ailleurs à partir du moment où j’ai arrêté de dessiner, je me suis mis à écrire. Un médium a remplacé un autre.«
[blocktext align= »left »]Je ne pensais pas que ça m’arriverai un jour de gagner ma vie avec mes chansons, année après année, car je suis pas si connu que çà[/blocktext]
Récolte de prix. En 2013, Askehoug reçoit notamment le Coup de Coeur de l’Académie Charles Cros et l’album Je te tuerai un Jeudi reçoit le prix Georges Moustaki, prix du meilleur album indépendant de l’année. « C’est très encourageant car c’est un métier où il faut franchir des étapes, des paliers. Et quand on démarre, on ne les voit pas forcément, ces différents tremplins. Je ne suis pas encore arrivé mais en 2013, on a reçu des prix et c’est très stimulant. C’est aussi très gratifiant car ça déclenche des contacts pour avancer (comme Ulysse Productions, notre tourneur). On fabrique nos disques nous-mêmes et grâce au tourneur, je gagne ma vie avec toute l’année. Je ne pensais pas que ça m’arriverai un jour de gagner ma vie avec mes chansons, année après année, car je suis pas si connu que çà. Donc on peut quand même en vivre. Quand on tombe sur les bonnes personnes, qu’on est bien entouré, c’est vraiment chouette. »
Un nouvel album en 2015. « On commence à jouer de nouveaux morceaux. Nous en jouerons certains samedi pour le concert. Du coup, ils figureront sur un album qui devrait sortir au mieux au printemps et au pire à l’automne. Je suis papa depuis trois ans donc ça a calmé un peu ma créativité mais c’est revenu petit à petit, je suis rassuré.«
Première partie : L’Ensemble Eclisse oscille entre le classique et la musique du monde.
Samedi 22 novembre à 20h00 Salle Municipale de Rosoy-en-Multien musivales.cc-paysdevalois.fr Renseignements : 03 44 88 05 15 |
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